la-grosse-georgette

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En guise d’au revoir…

Cette fois, c’est la fin du voyage, l’ultime ligne droite… et avec 2 jours de recul, le moment est venu de tirer un bilan, à défaut d’un trait , sur ce moment d’exception. Retour en quelques mots sur sept jolis jours…

 

Triste : Surtout ne pas être triste. Se souvenir de tout cela avec un brin de nostalgie, bien sûr, mais sans tristesse parce que sans regret. Retenir tous les beaux instants, même les plus durs et juste en fermant les yeux, retrouver tous les jolis visages croisés sur la route. Non, surtout ne pas être triste.

 

Aimer : Il faut aimer les autres pour voyager. Il ne s’agit pas de voir le monde comme un lieu et un instant parfait mais la précarité du voyageur et de sa condition le pousse à ne prendre que ce qu’il y a de meilleur chez les autres. Etre voyageur c’est aller à l’essentiel dans sa relation à l’autre, qu’il soit gitan du matin, barbu du soir ou soiffard de chaque minute. Voyager c’est  se voir dans l’œil de l’autre et cela revient à s’aimer un peu.

 

Paradoxe : voyager seul, c’est accepter de partir en « Paradoxie ». Etrangement, partir pour voyager ne t’éloigne pas de ceux que tu aimes puisque la distance te fait prendre conscience de la valeur qu’ils ont pour toi. Voyager seul n’est pas synonyme de solitude, bien au contraire. Etre seul dans ce type d’aventure, c’est se mettre en situation d’avoir besoin des autres, c’est accepter l’obligation d’échanger avec l’autre pour lui demander un peu d’aide ou simplement échanger. Oui, le voyage en solitaire est un délicieux paradoxe.

 

Mathilde : C’est toi ma fille qui chaque soir recevais mes textes tapés maladroitement sur le trop étroit clavier de mon téléphone. C’est toi qui mettais en forme et ajoutais les photos. C’est donc toi qui, au crépuscule, recevais en primeur mes nouvelles. Je suis heureux d’avoir pu compter sur un telle messagère. Cela donne encore un peu plus de sens à tout cela. Merci à toi, même si parfois, tes correcs « d’orthograve » laissaient un peu à désirer.  Peut-être un jour rouleras-tu à mes côtés?

 

Après : L’après reste toujours un moment étrange, une zone d’inconfort entre l’intensité de ce qui s’est passé et le retour au calme. Revenir à la vie « normale », c’est retrouver les autres dans ce qu’ils ont de moins reluisant. Revenir, c’est aussi accepter de ne plus être en état d’éveil et de sérénité permanent. Cette phase de transition reste douloureuse, forcement. Dans le Grand Bleu, un des protagonistes affirme : « Il faut une bonne raison pour remonter. Parfois, j’ai du mal à en trouver une ». Peut-être qu’un jour je resterai un éternel voyageur. Peut-être qu’un jour je ne trouverai pas de bonne raison de descendre de mon vélo.

 

Bibi: Avec le P’tit Bibi, on s’est trouvé, comme ça. Il y a un lien qui se créé et tu n’en connais pas la raison. Alors tu cesses de chercher. Le P’tit bibi a été la chose la plus importante à mes yeux durant 7 jours. Il était mon cheval, mon confident et celui qui engageait le lien avec le monde extérieur. Il va rester comme mon frère mécanique, celui avec qui on a partagé les bons et les mauvais moments. Le P’tit Bibi, c’est un peu ma famille mécanique mais au lieu de planquer un moteur dans son cadre, lui a préféré cacher une âme… Et celle-là, aucun détecteur thermique ne peut la détecter. Il n’y a que moi qui la voit, qui la sent et la ressent. Merci P’tit bibi de tout ce que tu m’as donné. On repartira voir les Mongols ou les Bretons, mais je sais que l’on va retailler la route ensemble…

 

Qui? Qui suis-je après tout ça. Un mec qui a un peu mal aux jambes, ce serait trop réducteur. Je ne veux pas généraliser donc en parlant de moi, je dirais que le voyage me rend meilleur. J’aime ces longues périodes de solitude quand, face à toi même, tu ne peux déroger à une certaine forme d’examen de conscience. Ce type de voyage fait que tu deviens une incroyable caisse de résonance. Tes bonheurs comme tes peines sont amplifiés de manière incroyable. Tu peux passer du rire aux larmes en deux secondes. Sortir d’un truc pareil, c’est être plus riche de rencontres et de lieux. En même temps, je me sens tellement apaisé, serein. Il y a dans ma démarche une dimension un peu mystique. A force de l’entendre des autres, je vais bien finir par le croire. Je ne cherche personne, ni Dieu ni Maître dans ces voyages mais parfois, au creux d’une départementale, il m’est arrivé de croiser celui que je suis vraiment. Alors oui, pour ces instants en tête à tête avec ma gueule, cela valait la peine.

 

Différent : Tout est différent bien sûr. Je suis différent, modelé par ce nomadisme et par mes rencontres. Différent dans ma perception du monde et des autres. Sortir de là, c’est considérer que peu de choses sont importantes. Cela permet de remettre l’église au milieu du village. Je n’ai pas envie de superficialité, ni d’hypocrisie, ni de faux-semblants. Je n’ai pas envie d’entendre se plaindre les nantis que nous sommes. Je n’ai pas envie de voir, chaque jour, la misère des autres. Oui, tout est différent parce que vivre l’essentiel, c’est avoir l’assurance et la quasi obligation morale, d’aller ensuite à l’essentiel. Le voyage rend différent parce qu’il t’oblige, à chaque seconde, à t’adapter à ton aventure. Le voyage est comme un retour à l’originel. Ce n’est pas ton environnement que tu fais plier à tes désirs mais tes besoins que tu moules dans ton environnement. Et c’est ainsi que nous devrions vivre heureux.

 

Exploit : Que personne ne parle d’exploit. Rouler 120 bornes par jours durant 7 jours est à la portée de tout le monde. Ce n’est pas de la fausse modestie, juste une bonne connaissance de ce type d’initiative. Tout est question de volonté. L’exploit, c’est ce qu’une très infime minorité peut réaliser. Le reste est réalisable par le plus grand nombre. Ce n’est donc pas une performance juste l’expression d’un sale caractère diraient ceux qui me connaissent un peu.

 

Douleur : Voyager de la sorte, c’est le contraire du sport. Le sport et la performance consistent à dépasser la douleur. Pour être sportif, je connais bien le processus. Voyager, c’est tout autre chose. Cela consiste non plus à affronter mais à apprivoiser la douleur. Il faut savoir jouer avec elle, la repousser, parfois, la nier et la renier. Voyager, c’est être à chaque instant sur un fil tendu entre le plaisir et la douleur. C’est un jeu permanent de curseur entre les deux. Et vient l’instant, si particulier ou de la douleur née la satisfaction, lorsqu’au soir d’une étape un peu plus rude, ton corps fourbu te murmure : « Merde, comment a-t-on fait un truc pareil ». C’est dans ces instants qu’il faut avoir la sagesse de ne pas répondre, parce que répondre, c’est prendre le risque de ne plus jamais vouloir endurer cela…

 

Vous : Et puis il y a vous derrière vos écrans. Vous si loin de moi et jamais totalement absents. Ceux que je connais peu, ceux que je connais mieux. Les amis, retrouvés au détour d’un virage ou au bord d’un canal. Il y a une bière partagée au bord de l’Yonne et un festin d’amitié sur la nappe blanche du granit morvandiau. Et puis, il y a la famille, ceux qui appellent et s’inquiètent et me laisse vivre mon truc sans poser la question de trop. Il y a la voix de mes filles et les silences de leur mère. Il y a quelques lignes venues de Bordeaux, de  Toulouse pays de briques rouges au cœur tendre. Il y a le regard de mon père sur celui que je suis devenu et qu’il ne sera plus. Il y a les encouragements de mes neveux et nièces pour les 50 derniers mètres. Il y a un t-shirt qui m’ouvre le cœur comme le plus précieux des présents. Il y a la sagesse de Bob. Et puis, il y a, mystérieuse et invisible , cette petite étoile, qui me donne le Nord, me guide dans mes voyages et qu’à 46 ans je continue à appeler Maman.

 

 

Pour tout cela, un énorme Merci. Ce sera le dernier mot avant le prochain voyage. Merci à vous d’avoir été là, parfois sans le savoir. Vos visages et nos histoires m’ont accompagnés sur la route. Merci aux manouches à caféine, aux pains aux chocolats aux saveurs des îles, à un rouleau de chatertton…Merci à tous ceux qui, d’un petit geste de la main, d’un petit mot dérisoire ont su, sans le savoir, réchauffer mes jambes et mon âme. Merci à toi P’tit bibi, mon cheval de métal. Je te sais au chaud et bien entouré. Je vais te revoir bientôt et nous partirons à nouveau. Merci à ceux qui ont compris, ceux qui ont cru, ceux qui ont voulu autant que moi. Merci à vous d’avoir écrit ces quelques lignes avec moi, parce que comme l’an dernier, me reste de ces beaux jours une ultime certitude… Je reprendrai encore la route.

 

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05/08/2016
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Ce soir, je ne monterai pas mon abri de fortune...

Voilà, le voyage touche à sa fin. Récit de cette dernière journée entre grand mystère et brève de comptoir...

Ce matin, ce sont les doux gazouillis de ma voisine de tente qui me tirent du sommeil. Sauf que ladite voisine a 6 ans et qu'elle glapit en hollandais ce qui engendre un réveil un peu délicat. On n'a pas idée de s'exprimer dans un dialecte aussi peu agréable à l'oreille. A part le norvégien septentrionale, il y a quoi comme langue plus dégueulasse que celle-ci? Passant outre mon aversion, je commence les préparatifs du départ. Comme elle reste étrange cette journée malgré l'expérience de l'an dernier. Comme elle te trimballe entre impatience de réaliser le truc et l'angoisse de tout voir finir. Tu as beau vouloir reculer chaque instant, tu sais bien, au fond de toi, que chaque geste est le dernier pour cette fois. Le petit rituel du matin te prend un de ces goût de "plus jamais". Plier la tente, le duvet puis le matelas. Charger le P'tit Bibi puis enfiler mes chaussures de vélo... Merde, tout cela prend une autre dimension. En même temps, je sais qu'il ne faut pas se laisser bouffer par l'émotion. Alors je roule vers Auxerre et la fin. Je sais qu'il me reste 50 bornes pour rallier Vézelay et 50 autres pour arriver au but. Le début d'étape est vallonné. En sortant de Corbigny, je ramasse 5 kilomètres de montée. Les jambes tournent rond et je sais que la journée se passera bien. Le vent dans le dos me permet de rejoindre Saint Père sous Vézelay avant la montée vers la colline éternelle. Lorsque tu arrives par la route empruntée, tu ne l'aperçois qu'au dernier moment la Belle. Elle se dresse, basilique en tête comme perchée dans le ciel. Les deux kilomètres d'ascension confirment cette impression. Je me fais le serment d'arriver en haut sur le P'tit bibi et je tiens parole. A 12 h 15 j'arrive à Vézelay. Je décide de faire ma pause déjeuner et comme c'est la dernière, je déjeune sur la terrasse d'un petit troquet. Je mange vite fait car j'ai trop envie de céder enfin à l'appel de la basilique. Cet endroit, je ne peux pas te le décrire. Cela ne servirait à rien parce que ce lieu je ne le regarde pas, je le vis. Chaque fois que je viens ici, c'est pareil et cela n'a rien à voir avec la religion pour moi qui ne croit pas en Dieu. Il se dégage d'ici une énergie et une sérénité qui me bouleversent. Est-ce les pèlerins au travers des siècles qui ont façonné ces murs? Est-ce la roche du promontoire? Je n'en sais rien et je préfère ne rien savoir. Surtout ne pas briser le mystère, ne pas écorcher le rêve. Je me pose dans la basilique, pas pour prier non mais pour y entrer, comme chaque fois, en relation avec je ne sais quoi. Je profite du silence, de la paix des lieux et me régénère. Je sors pour m'octroyer une sieste réparatrice à même le sol dans l'ancien jardin des moines. Je reprends la route vers 14 heures. Il me reste 53 bornes a faire et je sais qu'ils sont faciles. Alors j'enroule en me laissant porter. Je repense à ces 7 jours, à ces rencontres. Je revois des gueules de passage, entends à nouveau des bruits familiers. Je mesure un peu ce que je suis en train de faire... Le téléphone sonne. La famille et les amis prennent des nouvelles. Dernière halte à Vermenton, au café, chez Mimi. Trois pochtrons attablés devant un Picon et qui ont envie de causer, alors on cause, de vélo, de Dax, de sport. Le plus atteint du lot est obligé de fermer un œil pour parler.Il te tient la murge des grands jours Machin. Il me confie en français approximatif que lui aussi fait du sport puisqu'il pratique les "bars parallèles". On se marre gentiment de sa connerie de sac à pinard... la vie quoi. Je reprends la route dans une sorte d'état second. Je choisis de finir par le chemin de halage le long du canal. A la dernière écluse, à 6 bornes de l'arrivée, j'aperçois deux types assis sur un banc. Je repense à mes arsouilles de tout à l'heure sauf qu'en approchant, je réalise que ce sont Mimi et Pascal! Oh les filous, je n'ai rien vu venir. On se bécote, on  tchache au bord de la flotte avant de décider que l'on sera mieux devant une bière. Arrêt devant le panneau Auxerre pour la traditionnelle photo. On boit une bière on discute. Laurent nous rejoint mais le temps passe. On se fait des bises. Je remonte chez Maman où je suis accueilli par la smala des neveux et nièces. Encore des bises et je lâche un peu les vannes. Faut que ça sorte alors je chiale un peu sur le guidon du P'tit bibi... Douche, apéro, repas. Ca fait du bien de se sentir en vie...

Le calme est revenu et j'écris ces lignes dans le silence de ma chambre de gosse. Il ne faut pas que je pense trop. Tout cela est trop frais, trop imposant, trop plein de vie encore. Il me faut passer par un sas de décompression avant de revenir sinon je risque l'embolie émotionnelle. Je sais que cela prendra du temps, qu'on ne rentre pas d'un voyage pareil, d'une telle escapade intérieure sur un claquement de doigts. Je suis un peu perdu sans ma boussole sensorielle et sans mes petites habitudes de voyageur. Ce soir, je ne monterai pas mon abri de fortune, je ne gonflerai pas mon matelas inconfortable... Ce soir, je ne poserai pas ma main sur le guidon du P'tit Bibi comme on le fait sur l'encolure d'un bon cheval. Ce soir, je ne compterai pas les bons moments en regardant les étoiles depuis mon lit. Ce soir, il me manque quelque chose et je ne sais pas si c'est ma petite aventure ou la petite part du meilleur de moi même croisée au bord des routes.

 

Auxerre. 24 degré. Ciel trop étroit. Demain sera le premier jour d'après...


02/08/2016
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Copains comme corons

On est donc repartis de l'Allier avec le petit bibi pour l'avant-dernière étape. Les jambes un peu lourdes mais le cœur léger de retrouver la Bourgogne et mon pote Arnaud.

 

La nuit s'est bien passée. En revenant de dîner à 19h, j'ai déplacé ma tente vers un emplacement plus agréable au fond du camping. Il n'y avait personne mais j'étais entouré de deux beaux camping-cars et de très très belles caravanes. Le lendemain matin à 6h15 je suis réveillé par des voix aiguës et qui poussent le volume a fond. Je sors de la tente et me retrouve presque nez à nez avec trois mamans gitanes en train de préparer le petit déjeuner, des vraies, avec les crocs aux pieds et les caleçons léopards. Je sors de la tente et sans autre forme de bonjour elles me proposent un café avec la plus grande gentillesse. Il faut croire qu'encore une fois ma gueule de métèque a joué en ma faveur... À 8h nous reprenons la route et la première partie du voyage se passe plutôt bien. À 10h je retrouve le départ prévu de l'étape. Il ne me reste qu'une cinquantaine de kilomètres pour ralier la Bourgogne. Sur le chemin, au milieu de paysages splendides, me monte une colère. Mais bon dieu, que sont donc devenues nos campagnes ? Où sont les gens, que sont-ils devenus. C'est quand même incroyable que des territoires entiers soient désertés alors qu' on s'entasse dans des villes aux allures de bidonvilles. Ces maisons qui ont abrité  des générations ne sont-elles plus bonne à vivre ? Cette terre noire et grasse que je côtoie depuis six jours n'est-elle plus bonne pour nourrir des familles. Que fait-on bordel de merde pour retrouver un minimum d'harmonie ! Dans n'importe quelle bled de 1000 habitants, on t'emmerde avec des politiques d'accès à la culture. Mais de quelle culture parle-t-on, nom de dieu. D'accès à la grande déconnade d'Internet ? De la possibilité d'aller chasser le Pokemon réunis en bande de connards ? Merde, je rentre dans une rogne noir ! Tu te rends compte qu'aujourd'hui, dans ce monde de dingue, on te pique du pognon pour envoyer tes gosses en classe verte ! Tu dois payer pour que tes gamins puisse aller voir deux libellule qui s'enculent dans la campagne ? Au moment où je rumine ces pensées, je croise un renard dans un champ sur ma droite. Barre-toi vite goupil, ils ne sont plus capables d'élever trois poules pour bouffer des œufs, mais ils seraient bien capables de foutre une décharge de plombs ces cons là. Bon, il faudra bien qu'un jour ou l'autre nos hauts responsables se penchent sur cette question, sur la manière dont on peut réinvestir nos campagnes avec intelligence et cohérence. Encore que, ces deux derniers mots ne soient pas trop adaptés aux qualités intrinsèques de nos responsables… Porté par la colère j'arrive donc dans la Nièvre. Petite pause pour grignoter et je repars avec 75 bornes au compteur. Je suis bientôt rejoint par mon pote Arnaud au milieu de nulle part, au milieu des champs, au milieu de chez nous. On se fait une bonne bise et on se remet en route. Forcément, on déconne comme des gamins de 46 ans que nous avons réussi à être encore. En voyant un panneau indiquant les Colons, on se fout tous les deux à chanter: "au nord, c'était les colons. » Comme quoi, parfois, il suffit d'être deux pour devenir une belle bande de cons. On discute, on se donne des nouvelles des uns et des autres et mine de rien, on avance. On prend quand même le temps de se prendre en photo à Gland… Si on avait loupé ça, on aurait pu croire qu'on était devenus adultes. Tu parles d'une sale maladie, on a pas tellement envie de la choper avec mon pote. Comme ça, en déconnant, on parvient jusqu'à Crux la ville au milieu de mon cher Morvan. 130 bornes au compteur, qui dit mieux ? Merci à toi mon pote Arnaud de m'avoir servi à la fois de locomotive et de béquilles. La route était plus légère avec toi. Mais pour te fréquenter depuis bientôt 20 piges, je sais que tu es toujours là quand la route devient un petit peu compliquée. Une petite douche salvatrice, Et nous sommes rejoints par Aurore qui nous amène un pique-nique énorme ! Aurore avec son sourire, sa gentillesse et son immense générosité. Merci à toi copine Aurore d'avoir amené dans ton panier un peu de fromage et du jambon qui par la manière dont tu me l'as donné, a transformé cette instant en festin. On termine la soirée par un café et comme on est au camping, on se tape un baby-foot et un flipper. Les amis me quittent au milieu du Morvan. Émotion, forcément…

Je suis presque endormi quand un Hollandais retardataire décide de planter sa tente. Je dois donc supporter ses coups de marteau et pire encore, cette langue insupportable à mes oreilles esthètes. 

15° sur le Morvan. Demain Vezelay. Je crois que je crois en quelque chose…

 

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Bon dieu, Petit Bibi, qu'est-ce qu'ils ont fait de nos campagnes ?

 

 

 

 

 

 

 

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Comme des gosses...

 

 

 

 

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Des gosses de 46 ans...


02/08/2016
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Un peu de calme…

Après la grande journée montagneuse d'hier, j'ai connu une étape plutôt calme même si la fin était plus bosselée que prévu.

Pour finir, le groupe de cyclotouristes attendu au gîte hier soir s'est transformé en équipe de cyclisme semi pro. J'ai ainsi vu débarquer huit jeunes et deux entraîneurs qui courent en élite, l'antichambre du cyclisme professionnel. On avait l'air malin avec le petit Bibi… Les gars ont été adorables. Leur entraîneur est un ancien pro Jean-Luc Delpeche qui affiche une philosophie du vélo qui me plaît beaucoup. On a discuté un bon moment et lui qui a passé neuf saisons dans le peloton  me glisse à un moment : « que ce soit sur le tour de France ou dans ce que tu fais toi, l'important sur le vélo c'est le plaisir et l'engagement animés. » Respect monsieur. Dans le vélo aussi il y a donc des éducateurs. À ce propos les gamins ont lavé eux-même leur maillot le soir. Tu imagines les mecs du centre de formation avec des contrats mirobolants qui leur tendent les bras faire ce genre de trucs…je ne sais pas si ce sport est un bon sport mais en tout cas il donne des valeurs et reste un sport de Gagne-misère et des douleurs. On bouffe tous ensemble et c'est plutôt super sympa. Dodo réparateur à 21h30.

Ce matin nous repartons vers huit heures avec le petit bibi. Petite photo de la star avec le camion des pros et on attaque l'étape par une montée de cinq bornes histoire de se mettre en jambes. J'étais prévenu donc pas de surprise. Après Felletin, nous roulons  pour sortir du plateau de Millevaches que je quitte paradoxalement un petit peu à regret. C'est une terre authentique sans concession, une terre qui me parle et sur laquelle  je reviendrai. Les gens d' ici sont aussi gentils et attentionnés que leur montagne est rude et parfois douloureuse. Tout ça me plaît vraiment. Bon, le bon côté c'est que je me chope des routes un peu plus plates et que je peux de nouveau rouler. Je parviens donc à la pause déjeuner avec 75 bornes au compteur. Retour rapide petite sieste et je reprends la route. Le relief est cassant et je ne m'attendais pas à ça à proximité de Montluçon. Je m'arrête donc un peu plus tôt que prévu initialement, à Néris les bains, avec 110 km au compteur. Néris les bains, c'est tout petit, c'est moche et plein de vieux. En même temps il est 19 heures 02 et je suis déjà à table. Demain, je fais mon entrée en Bourgogne avec le petit Bibi. On va retrouver des terres que l'on connaît.

 

Temps couvert et orageux. Je sens la nuit dans les sanitaires… Environ 660 bornes au compteur. Je commence à avoir mal aux jambes et à afficher un cul de babouin...

 

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Quand le P'tit Bibi fait la star...


31/07/2016
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L'orage et le philosophe...

Tu devais t'en douter à la lecture de mon article d'hier soir, je ne la sentais pas trop cette étape. Et comme j'avais raison…

 

Après une bonne nuit dans un vrai lit, tous les signes avant-coureurs de la catastrophe se sont présentés. Tout d'abord au moment de partir, la flotte s'invite. J'attends donc que l'averse passe avant de prendre la route. Au bout d'un kilomètre et demi, je croise une Renault 20. Tu te rends compte, il n'y a plus que dans ces coins retranchés de la Corrèze que tu croises des trucs pareils. J'y ai vu un signe du destin et pas un bon crois moi. Juste après, j'attaque une montée de cinq bornes que je connais trop bien et en plein milieu, je prends un orage phénoménal. Par chance, je suis à proximité de l'ancienne cabane du maréchal-ferrant. On se planque dessous avec le petit bibi en guise de bétail ! L'orage tourne dans les vallées mais je dois repartir. Je ne me sens pas bien, j'ai mal aux jambes, je suis sans énergie. Je me souviens des paroles de ce philosophe nivernais me disant bien souvent : « Xavier, il ne faut jamais injurier l'avenir ». Ah, Gérard, comme j'aurais dû retenir tes leçons. Parce qu'à force de faire le beau avec le petit bibi à 30 à l'heure dans les lignes droites depuis trois jours, je paye aujourd'hui l'addition. Et crois moi qu'elle est plutôt du genre sévère la bougresse. Bon Dieu, je n'avance pas, je ne mets pas une pédale devant l'autre. Lors d'un arrêt pour un petit pipi rapide, je regarde mon téléphone et je tombe sur le message de Mathilde et de ses potes. Ils m'ont laissé un petit mot tout plein de gentillesses dans la nuit. Ça me fait du bien au milieu de cette galère. Ils sont mignons même s'ils ont un petit peu tendance a abuser sur la vodka. Hier soir, ma fille avait 17 ans, ils avaient donc le droit... Bises à vous du Vieux et profiter de cette belle maladie que sont vos 17 ans… Je reprends la route et au milieu de la Corrèze je m'arrête dans une petite boulangerie qui ne paye pas de mine. La boulangère est une black avec un accent créole découper à la machette! Je lui demande une chocolatine. Elle va derrière et me donne un petit sac en me demandant un euro. En partant elle me glisse: "Mange bien vélo il faut prendre des forces. » Dehors, en ouvrant le sac de papier, je trouverai deux chocolatines au lieu d'une… Petit signe de la main petit sourire, parfois la vie est belle. Sûrement un effet de ma tête de métèque. Entre minorités, on se sert les coudes. Merci à toi ma boulangère ô combien corrézienne. Si Brassens t'avait connu, il aurait certainement rajouté une strophe à son Auvergnat. Je reprends la route et mon état ne s'améliore pas. J'ai le vent en pleine tronche et je n'en peux plus. À midi, je fais une pause en ayant fait à peine 50 bornes. Je m'achète de quoi manger. Je commence à grignoter un sandwich mais je tombe littéralement de sommeil! Je suis épuisé et je dors pendant une heure au bord de la route comme un clodo! Au réveil je me demande si je dois dormir ici ce soir ou repartir. L'envie d'avancer est trop forte et je remonte donc sur le vélo. À cet instant, j'oscille entre les trois départements que sont la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne. Je pense qu'a l'origine ces départements étaient plats. Je pense aussi qu'il y a environ mille ans, le type responsable des aménagements est rentré chez lui en tenant à peu près ces propos : « dis-moi Nini, (oui, sa femme s'appelait Nini…), On était en voyage d'étude dans un coin qui s'appelle les Pyrénées. Ils ont des trucs très sympas là-bas qui s'appellent des montées. Je me demande si je ne vais pas en mettre quelques unes dans le coin. Allez je vais faire un tour au supermarché voir ce qu'ils ont en stock". Hélas, comble de malheur, ces fameuses montées était en promo, et le mec c'est largement fait plaisir. Putain d'Adèle, ça n'arrête pas de monter et descendre, sur des revêtements pourris. Je me cale sur le tout petit plateau et je roule à 10 ou 11 à l'heure. J'avance, tout doucement mais j'avance. Paradoxalement, je me refais un petit peu la cerise. Quand je te dis que dans certaines circonstances, on pédale avec sa tête... J'ai mal aux jambes certes mais globalement je suis moins fatigué. Je suis sur le plateau de Millevaches, un endroit mythique pour les cyclistes. Les descentes sont hyper dangereuses car les routes sont gravillonnées. Autant te dire que même si c'est douloureux vu le nombre d'heures passées sur la selle, je serre un peu les fesses.Il faut quand même reconnaître que le coin est sublime. Nous passons avec le petit Bibi au point le plus haut du plateau. Altitude 850 m. Notre passage dérange deux chevreuils. En 40 bornes, j'ai croisé trois voitures! J'arrive à Faux la montagne, la bien nommée. J'ai 92 kilos au compteur. Ce sera assez pour aujourd'hui. Franchement ce matin, je ne pensais pas en faire autant. Il a fallu trouver des ressources physiques et morales, affronter la chaleur et se coltiner quand même 1900 m de dénivelé positif! Ce qui font du vélo comprendront. C'est certainement la plus dure des étapes, et de loin, mais cela permet de te remettre à ta place. Tout là-haut, sur le plateau, il n'y a plus d'artifice. Juste toi et tes limites à confronter à ta volonté. Il faut creuser, chercher un peu pour trouver une bonne raison de faire un mètre de plus. Il y en a toujours une, enfouie un peu plus loin que les autres qui te permet de remettre un coup de pédale. Ça fait mal aux guibolles, mais quelle aventure intérieure! Certains vont chez le psy, d'autres à confesse. Moi je peux chialer sur mon velo de douleur et de bonheur mêlés. A chacun ses solutions, à chacun sa grandeur. La mienne ce soir sera d'avoir résisté au plateau de Millevaches. Ce n'est pas grand chose, juste un petit défi arrache à la vie. Mais celui-ci, j'en connais le prix... Au moment de réserver mon camping, L'orage s'est mis à tonner dans la vallée, histoire de boucler la boucle de cette journée. Par prudence, je dormirai donc ce soir dans le gîte d'étape. Un groupe de 10 randonneurs à vélo y est attendu. Je ne devrais pas être dépaysé...

 

Altitude 820 m. Temps orageux. Demain est un autre jour qui devrait nous conduire sur des routes moins douloureuses...

 

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Le petit Bibi dans la cabane du maréchal-ferrant pour affronter l'orage.

 

 

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Avec le petit Bibi, pas très loin du point culminant du plateau.


30/07/2016
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